Le cercle d’entraide, ou comment je suis passée de la fiction à la réalité
La semaine dernière, j’ai animé un cercle d’entraide, pour la première fois dans un cadre privé et non corporate.
Un cercle d’entraide, kezako ?
Certains parlent de CoDev, d’écoute active, plongée avec le réseau EVH), ou encore coaching circle en Théorie U... you name it.
C’est simplement le fait d’utiliser l’intelligence collective pour aider un individu à y voir plus clair dans une problématique qui l’occupe, grâce aux partages de ressentis bienveillants des membres du groupe, qui l’ont écouté avec toute leur attention.
Il s’agit de se mettre au service de l’autre, et pour celui qui partage ses préoccupations, de découvrir la puissance de se voir vu par les autres, tout simplement.
Le lien entre la fiction et la réalité ?
Les cercles d’entraide, et tous ces processus qui sont caractéristiques des modes d’interaction des entreprises Opales (oui, je vais encore citer Reinventing Organizations de Frédéric Laloux), Adrien Tardif les a intégrés dans son super roman d’anticipation Ponsamaro . Un roman pensé justement pour donner vie à ce que serait une société qui fonctionnerait sur ce mode plutôt que sur le mode “actuel”, où quand j’ai un problème, je le garde pour moi, de toute façon mes émotions ne sont pas les bienvenues, etc.
Je venais de lire le chapitre où le héros participe à un cercle d’entraide, et où les participants paient la facilitatrice en participation consciente . Encore un process inspiré de ces nouveaux modes de management : le prix n’est pas fixé à l’avance, chacun réfléchit et donne ce qui lui semble juste, en conscience.
Et là je me dis que, effectivement, faciliter un cercle d’entraide, c’est une vraie compétence, qui a beaucoup de valeur. Cela nécessite en premier lieu de tenir un cadre de bienveillance, de présence, et de sécurité qui sera partagé par les participants. Cela nécessite surtout d’incarner pour les autres un modèle de profondeur, de connection et d’ouverture à soi-même et aux autres, qui va influer sur la profondeur des partages, et au final, sur la puissance de l’expérience vécue par le groupe.
C’est une compétence précieuse, car elle demande de la pratique, et du travail sur soi. Une compétence que j’ai beaucoup travaillée, avec des cercles Open Opale, dans mon entreprise, et surtout au sein du réseau EVH.
En tant que dirigeante d’entreprise, j’y ai pratiqué pendant des années ce process, en groupe avec d'autres dirigeants. Et j’ai vécu combien c’est d’une puissance énorme quand on peut se dévoiler dans sa vulnérabilité face à des pairs qui ont vécu des situations similaires, se sentir non jugé.e et pouvoir progressivement se libérer.
Le regard des autres va nous permettre de voir avec des perspectives qui pouvaient être dans un angle mort pour soi. On voit plus clair, on commence à envisager la situation différemment, et par conséquent de nouvelles possibilités de choix d’action apparaissent. On retrouve des degrés de liberté supplémentaires par rapport à une situation où l’on pouvait se sentir « bloqué ».
A ce stade de ma lecture de Ponsamaro, surgit dans mon esprit l’idée que je pourrai animer des cercles d’entraide, et me faire rémunérer pour cela, puisque j’ai la compétence et que je suis convaincue que cela a beaucoup de valeur.
Cela aurait pu en rester là pour longtemps, une simple idée dans l’arrière salle de mon cerveau, si dès le lendemain je n’avais pas déjeuné avec Mounia Erkha, ancienne VC devenue coach. On échange sur nos transitions personnelles et professionnelles, elle me questionne sur ce que j’aimerais faire concrètement.
Je lui partage que ce sont les processus collectifs qui me motivent, et que j’ai le projet d’animer des groupes. Elle me prend au mot, et m’indique qu’elle sera prochainement avec 4 copines qui aiment tester des choses ensemble : qu’est-ce que je peux leur proposer ?
Et là, c’est l’évidence (merci Ponsamaro) : un cercle d'entraide.
Je propose donc qu’elle et ses amies viennent les mains dans les poches, simplement chacune avec une problématique éventuelle sur laquelle elles bloquent en ce moment. Et je prends en charge le process pour leur faire vivre un temps hors du temps, un temps de connexion en profondeur, où elles sont là l’une pour l’autre, pleinement. Emotion garantie.
L’innovation ici pour moi, c’est de transposer dans le domaine du personnel un process qui semblait cantonné au monde de l’entreprise, pour dirigeant, ou en format CoDev pour des collaborateurs d’entreprises opales (« libérées »).
Et il n’y a pas de raison que ce process ne serve que pour nos vies professionnelles. Qui n’a pas de sujet où il se sent bloqué, où ça tourne en rond dans sa tête ou ses émotions ? Est-ce que nos problèmes personnels ne sont pas plus importants pour notre bien être, et souvent à la racine de nos problèmes pro?
L’expérience a été à la hauteur de mes attentes ! Le process se décline (sans surprise ?) effectivement très bien dans un contexte privé. J’ai beaucoup de reconnaissance pour ce groupe d’amies qui s’est lancé. Parce qu’il faut aussi une certaine forme de courage et d’ouverture pour partager aux autres ses vulnérabilité et accepter de recevoir une attention bienveillante.
Et j’ai surtout beaucoup de gratitude pour Adrien Tardif qui a inspiré ce moment, et pour Mounia, qui m’a permis de passer à l’acte aussi vite. J’ai également une grosse pensée pour le Lab Innovation du réseau EVH, qui démarre prochainement, où j’ai bien l’intention justement d’explorer comment rendre accessible au plus grand nombre ce type de processus qui fait tellement grandir, qui m’a fait tellement grandir.
Alors, si vous êtes intéressé.e pour découvrir les cercles d’entraide, contactez-moi !